Commémoration du 11 novembre

MESSAGE
de Monsieur Sébastien LECORNU, ministre des Armées et des
Anciens combattants
et de Monsieur Jean-Louis THIERIOT, ministre délégué auprès du
ministre des Armées et des Anciens combattants
106ème anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918

C’était il y a 106 ans, en 1918. À la 11ème heure du 11ème jour du 11ème
mois, de la boue des Flandres à la frontière suisse, les clairons égrènent
les notes du « cessez-le-feu ». Aux fiertés de la victoire se mêle le
cortège d’ombres des « péris en terre », accompagné de ceux qui les
pleurent. Ce sont ces sacrifices que nous commémorons aujourd’hui,
auxquels sont agrégés depuis 2012 celui de tous les « morts pour la
France ».

Honorer leur mémoire, c’est écouter ce qu’ils nous disent encore
aujourd’hui.

Ils nous laissent un devoir de gratitude, de lucidité et d’espérance.
Le devoir de gratitude, c’est tout simplement se souvenir du sacrifice
de ces jeunes hommes, habités des promesses de la vie, qui ont consenti
à tout donner pour que la France demeure. Les épreuves qu’ils ont
traversées sont inimaginables.

Pour nous en imprégner, laissons la parole à un témoin, le général de
Castelnau. Leur vie, c’était « marcher, marcher encore, marcher quand
même à demi-mort de fatigue, trempé jusqu’aux os, transi de froid ou
bien épuisé de chaleur et de soif dans l’air embrasé d’une journée
torride (…). Gravir la pente du terrain sous le lourd fardeau du sac,
charger baïonnette au canon dans le sifflement des balles, le
crépitement des mitrailleuses et le mugissement des obus. Combattre le
jour, combattre la nuit, veiller toujours ; mourir obscurément dans le
sillon d’un labour ».

Le devoir de lucidité, c’est de ne pas oublier que 21 ans après que les
canons se fussent tus, il a fallu reprendre les armes en 1939. La
conjonction de la lâcheté et de l’aveuglement ont transformé la « der
des der » en « armistice de vingt ans » pour reprendre les mots du
maréchal Foch. À l’heure où la tragédie de la guerre a fait son grand
retour en Europe, à l’heure où certaines puissances remettent en cause
tous les fondements de l’ordre et du droit international, ceux de 14 et
ceux de toutes les guerres nous murmurent de continuer à défendre la
paix.

Le devoir d’espérance, c’est de ne jamais douter des ressources de la
France pour venir à bout des défis qui se présentent à elle. La guerre
change de visage, mais de génération en génération, les soldats de
France demeurent animés de la même volonté de défendre l’honneur et
la patrie.

En cette année du 80ème anniversaire de la Libération, souvenons-nous
des soldats du commando Kieffer qui ont foulé les plages de
Normandie le 6 juin 1944 ; souvenons-nous des soldats de la 1ère armée
de Lattre qui ont débarqué en Provence ; de ceux de la 2ème division
blindée du général Leclerc qui depuis le désert, à Kouffra, sont
remontés jusqu’à Strasbourg pour la libérer et accomplir leur serment ;
souvenons-nous des héros de la résistance intérieure, mais aussi du
calvaire des incorporés de force d’Alsace-Moselle, souvenons-nous du
courage des parachutistes de Dien Bien Phu, de celui des soldats qui se
battent en opération extérieure et notamment ceux du Liban qui y
défendent la paix depuis 1978 : comment ne pas voir que ces
combattants ressemblent comme des frères aux Poilus de 1914 ?
Au fil de notre histoire, les soldats morts pour la France, ceux tombés
pour le service de la Nation, ou pour le service de la République nous
disent les pérennités françaises. Toujours, nos armées sont là pour
accomplir la mission.

C’est pourquoi, réunis au pied du monument aux morts, élus, anciens
combattants de toutes les générations du feu, enfants des écoles, nous
ne sommes pas seulement la garde des morts, nous sommes d’abord les
sentinelles des vivants.

Vive la République !

Et vive la France